Marie-Christine
La découverte de la danse, à l’âge de 16 ans, et des danses africaines en particulier, a été le début de ma « vraie » vie.
J’ai découvert une liberté de mouvement jusque là inconnue pour moi. Ma liberté d’exister.
L’apprentissage de ces danses m’a permis de sortir des schémas occidentaux, de découvrir une gestuelle sans tabou, qui valorise les formes, qui permet de s’exprimer dans toute sa féminité et sa virilité, qui favorise l’ancrage dans la terre et dans l’être, et qui permet d’aller puiser au fond de soi une énergie vitale.
La quête de cette liberté de mouvement est le fils conducteur de mon parcours artistique, quasiment totalement axé sur les danses africaines.
J’ai exploré bon nombre de ces danses sous différentes formes : traditionnelles, initiatiques, modernes, populaires, urbaines.
Ethnologue de formation, je pars du principe qu’une danse est intimement liée à la culture dont elle est issue, et qu’il est essentiel de s’imprégner un minimum de cette culture afin d’en saisir la gestuelle. Il est aussi fondamental d’observer les autres danses pratiquées dans cette culture, notamment les nouvelles formes de danses populaires et urbaines.
Les danses urbaines africaines, notamment le N’dombolo et le Coupé Décalé me plaisent particulièrement car elles sont extrêmement riches, techniques et subtiles.
Elles méritent d’être reconnues comme un art à part entière et d’être débarrassées des préjugés tels « ce n’est que bouger les fesses » ou « les noirs ont ça dans le sang ». Ces préjugés très racistes sont dégradants autant pour cet art que pour les personnes qui le pratiquent.
Tout comme l’apprentissage du latin permet une meilleure compréhension de la langue française, les danses africaines traditionnelles apportent un ancrage aux danses urbaines africaines. La reconnaissance et la mise en valeur de ce lien est la spécificité de mon rapport à la danse et la base de mon enseignement
Par l’apprentissage d’une gestuelle traditionnelle, la pratique des danses urbaines et leur mise en relation, le lien se fait automatiquement : c’est savoir d’où on vient, pour savoir qui ont est, et où on veut aller. Valoriser ses origines afin d’être fier de ce que l’on est et se construire positivement dans la société.
C’est un parcours intérieur, concrétisé par les danses que je pratique et que j’enseigne, qui s’applique à tous et à toutes les situations de la vie.
Je considère la danse comme un outil de connaissance et d’expression de soi.
Je n’ai personnellement aucune origine biologique africaine et pourtant je suis sensible à cette gestuelle et à cet art comme si c’était le mien.
Je le reconnais, il me nourrit, il m’inspire, il m’apporte l’énergie dont j’ai besoin.
En faire mon métier et le transmettre à mes élèves m’a permis de réellement trouver ma place dans la société et dans le monde.
Cela pose la question de la rencontre et de l’échange interculturel. La danse est un art universel, tout le monde danse, chaque culture a ses propres danses, et je milite pour qu’elles soient un moyen d’échange interculturel. Que toutes les richesses artistiques et culturelles puissent être partagées et échangées, que chaque être humain puisse prendre ce dont il a besoin dans chaque culture pour s’épanouir, que les danses africaines ne soient pas l’apanage des africains et inversement que les africains qui le souhaitent puissent pratiquer la danse classique occidentale s’ils le souhaitent.
Je tiens à exprimer l’universalité artistique, culturelle et humaine, et à démontrer que l’art n’est pas dans le sang mais dans le cœur.